Les amants
A genoux devant l’âtre, les amants consolés,
Dessinent dans le plâtre le temps des destinées.
Et s’abstiennent les heures de claquer les secondes ;
A toujours elles demeurent, L’holocauste des mondes.
Où se fraye l’horreur et où s’épaissit l’ombre.
A genoux les amants, priant les astres clairs,
Croyant jusqu’aux serments qu’ils font dans leurs prières,
Qu’importe le temps d’avant, qu’importe l’atmosphère,
Le cœur des deux amants s’est envolé dans l’air,
Ils flottent sur le vent. Ils flottent sur la terre.
D’en haut si loin de tout, si loin des sortilèges,
Les amants deviennent fous et tombent dans le piège.
Ils se sentent si bien, qu’ailleurs c’est plus la peine,
Ils se tiennent la main, se regardent et se tiennent,
Ecoutent les battements qui frappent dans leurs veines,
Leur dire qu’un jour pourtant, un jour loin mais quand même,
Le soleil se levant sur leur vie de bohême
Rendait le monde beau, de ses rayons de feu,
A faire vivre des cachots l’ombre des malheureux,
Il donnait à la vie sa raison d’être ainsi,
A genoux devant l’âtre, les corps entrelacés,
Destinés d’être là, destinés d’espérer.
Et s’abstienne le temps de venir les narguer,
Ils sont partis au vent, reste l'Eternité,
Où s’inventera bien ce qu’ils avaient rêvés.
A genoux devant l’âtre, ils sont tous deux ancrés,
Sont partis sans se battre, ils ont pourtant gagné,
La vérité d’eux même, leur dessein accepté.
On peut lire dans le plâtre leurs destins arrêtés,
Leur histoire peinte sur l’âtre de l’éternité.